Sale petite mal élevée
Je me pose des questions...
J'eus cru, et je constate -blessée- que j'eus tort, que l'âge amenait la sagesse. J'eus cru, et j'observe -déçue- que j'eus tort, que le respect était un échange. J'eus cru, et je m'aperçois -stupide- que j'eus tort, que la comunication entre générations était un cadeau.
L'évidence m'assaille et me retourne. Comment, arrivé un certain âge, des hommes et des femmes peuvent-ils encore autant manquer d'humanité? Comment ces hommes et ces femmes peuvent-ils encore se livrer à des bassesses qu'un enfant de dix ans n'oseraient même plus faire? Pourquoi apprendrai-je le respect, l'importance des mots, la nécessité de communiquer aux enfants si c'est pour que par derrière grand-pères et grand-mères foutent tout en l'air?
C'est quoi ce monde à l'envers?
C'est quoi ces vieux barricadés, dénués de patience, de compréhension, de gentillesse?
Mais quel exemple voulez-vous donner? Quelle descendance voulez-vous avoir?
Je suis sidérée.
...
Mais peut-être me tromperais-je? Car paraît-il, je serais mal-élevée... (pardon Papa) Mal élevée de m'excuser, mal-élevée de ne pas parler plus fort qu'eux, mal-élevée de les écouter, mal-élevée de vouloir m'expliquer, mal-élevée de chercher à comprendre, mal-élevée d'essayer de raisonner. Mal élevée, surtout, de répondre.
Alors oui.
Oui, si s'élever autrement est mal, je suis une vraie mal-élevée. Ma tête est encore bien près du sol, mais je suis fière de ne pas avoir poussée vers le même ciel qu'eux, de m'être élevée grâce à une autre terre que leur pot pourri de mots séchés, de haines flétries. Fière d'avoir choisi mon propre ciel où poser mon esprit, loin des leurs, de leurs colères empostillonnées, de leur manque de civilité.
Mais, quand bien même, j'ai honte. Honte pour toutes ces personnes âgées qui par la faute de certains débiles nés pâtissent de la moquerie et du manque de respect. Honte pour tous ces vieux (n'ayons pas peur des mots) vers qui nous devrions à chaque instant nous tourner, quand nous ne savons plus, quand nous nous demandons, quand nous avons peur, quand on se perd, quand on cherche une lumière.
Alors, bordel! Comment voulez-vous qu'on s'en sortent s'ils restent toujours des vieux à éduquer?