J'aime les visites au musée
Aujourd'hui, je suis partie chez le dermato.
C'était beau.
Un concentré de papiers empilés.
Des casiers qui vomissent en tout sens, les uns ouverts à demi, les autres entièrement, les derniers bloqués,
tous débordant d'anciens patients, morts peut-être certains sous le choc d'un tel désordre imposant.
Une éternité que je n'avais pas vu autant de feuilles blanches.
Un bureau perdu, la tête du médecin dépassait à peine derrière les piles de fiches manuscrites.
Et, quand il se mit à remplir la mienne, je me suis vue noyée parmi les autres, même pas un numéro, juste une passagère en silence, une vérité de l'instant gardé à jamais.
Un tas de ramassis, répertoriant toute sorte d'eczéma, acné, mycose, mélanome, herpès, impétigo et autre psoriasis.
Dr Chane Paul (non le chanteur n'est pas chinois, ou l'inverse, que sais-je) semblait se mouvoir dans son fatras avec une aisance en perdition. Espérant de chaque patient qu'il lui fera remplir la fiche de trop qui fera couler le bateau.
Enfin.
D'ailleurs, il serait temps, car on y payait encore en Francs.