Ô, racle.
C’est la rentrée. C’est merveilleux. Délicieux.
Le bonheur de se rappeler à leurs petits travers, à leurs côtés si touchants, si pures, si natures… Si francs.
Mercredi matin, rentrée.
“Steven”, toujours vif et plein d’interrogations “exissentielles”
- Madaaaaaaame, tu as un mari? (pour la centième fois de l’année entamée).
- Non. (pour la centième fois de l’année entamée)
- Madaaaaaaame, tu as des enfants? (pour la cent cinquantième fois de l’année entamée)
- Non (pour la cent cinquantième fois de l’année entamée). Je te l’ai déjà dit Steven, tu te rappelles?
- Oui, oui.
Jeudi matin, jardinage
- Madaaaaaaaame, tu as un mari? (pour la cent quatrième fois de l’année entamée)
- Non. (pour la cent quatrième fois de l’année entamée)
- Madaaaaaaaame, tu as des enfants? (pour la cent cinquante-quatrième fois de l’année entamée)
- Non (pour la cent cinquante-quatrième fois de l’année entamée).Steven, tu te rappelles que tu m’as déjà posé la question quatre fois hier?
- Oui, oui.
C’est alors que Steven se tourne, me regarde, me jauge du haut de ses treize ans, son mètre soixante dix et ses boutons d’acnés, le balai à feuilles dans les mains, les gants aux doigts, l’air triste et la bouche désolée, et me lance, inébranlable après trois interminables secondes de silence :
“ 0oh, de toute façon, tu n’en n’auras pas.”
Puis, il baisse son balai et, apaisé, se remet au travail.
Depuis, il pleut des cordes.