Temps jadis, mélancolie.
Ce jour a une odeur du passé.
Il fait beau, nous prenons notre temps, les gens sont sur le départ, l'herbe paraît avoir la couleur du soleil.
Une envie de profiter jusqu'à la dernière seconde, d'étirer le temps, de croire à l'éternité. Mais la rentrée est là. Comme une fin de travail saisonnier, un début de septembre. Des adieux qui ressemblent plus à des Au revoir. Des sourires emplis de mélancolies qu'on essaie de cacher malgré tout.
Ca sent l'herbe fraîche comme un soir d'été normand. Où Didi se repose sur la terrasse, dans ce transat, rayé de bleu et blanc, un verre de coca et un livre à la main. Un short un débardeur et ses longs cheveux qui entourent son visage. Papa ne va pas tarder à rentrer. Maman aussi. Il est neuf heures et demie. Peut être moins. Le soleil décline. Je rentre en même temps qu'Hérick. On profite des derniers rayons du soleil du jardin. Un ballon, un frère, des échanges… comme des mots qu'on n'ose pas dire. Didi et Maman se reposent. Il fait bon. L'esprit en paix le temps d'un moment. L'insouciance. Vécu du moment présent. Nous ferons à manger plus tard. Rien ne presse. Quand la nuit refroidira nos peaux, quand les chauves-souris nous raseront la tête et nous feront rire de peur, mon frère et moi.
Il fait encore bon, tout le monde est heureux. Semble heureux. Le temps d'un soir. Un seul soir. Un soir qui voit venir la reprise du train-train quotidien dès le lendemain. Où l'on met des cahiers neufs dans son cartable. Où la routine qui la tua recommencera.
Ce soir à l'odeur de ce temps-là. Mais a-t-il déjà existé ? Où n'est ce qu'un amalgame Armanesque de souvenirs heureux ?
Ce soir, si beau et si triste à la fois. Une envie de prolonger ce temps, cet instant. Savoir si j'aime ou n'aime pas. Est-ce une sensation d'abandon ou une simple odeur de nostalgie ?